samedi 6 décembre 2014

Plaidoyer pour une revalorisation de la femme



Les conférenciers et le modérateur
En prélude au XVème sommet de la francophonie qui a fait la part belle à la femme à travers le thème retenu, le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) en collaboration avec l’Institut Panos de l’Afrique de l’Ouest, a organisé le mercredi 26 novembre un carrefour d’actualité dont le thème est : « Femmes, médias et gouvernance ».

Cette conférence a vu la participation de Mame Less Camara, journaliste et professeur au Cesti, de Mingué Niass, spécialiste en plaidoyer à l’Agence de développement du marketing social (Ademas) et de Libasse Hane, chargé de projets Gouvernance à l’Institut Panos.
La condition de la femme continue de susciter moult controverses dans un monde en pleine mutation.
Nonobstant le fait qu’elles soient majoritaires dans de nombreux pays et le fait qu’elles participent activement à la vie économique, les femmes continuent toujours de faire l’objet d’une discrimination qui ne dit pas son nom.
Aucun jour ne passe sans que la presse ne fasse état d’une histoire de viol, de violences faites aux femmes. Bref, toutes sortes d’atteinte à l’intégrité physique et morale de la femme.
Celle-ci est souvent dépeinte sous des traits sombres comme si implicitement ladite presse s’était muée en « avocat du diable ».
« La femme en tant qu’objet  de la collecte et du traitement de l’information…nous la rencontrons souvent à travers un prisme assez déformant, c’est souvent beaucoup plus sous l’angle de ses turpitudes véritablement que sous l’angle qui la met en valeur en tant que citoyenne… », a indiqué Mame Less Camara.
L’angle de traitement choisi par le journaliste pour une information concernant la femme démontre que l’image peu reluisante de la femme véhiculée par les médias, émane en réalité de la société car comme le dit M. Camara « Les médias n’inventent pas le monde, ils sont le produit de leur monde qui assigne une place à la femme. »
« Les violences faites aux femmes constituent un formidable argument de vente. Telle femme a été battue, malheureusement ça fait vendre. Telle femme a été violée, malheureusement ça fait vendre. Nous banalisons ces choses à un point tel qu’on essaye même de mettre de l’humour pour écrire un article, pour faire une retransmission sur les femmes qui ont été battues, qui ont été violées. », a-t-il déploré.
Le journaliste, selon M. Camara, ne doit pas se limiter à relater les faits, il a la délicate responsabilité de démontrer ce qui est à l’origine d’une telle situation car au-delà de l’acte d’infanticide par exemple, il y a une explication qui n’est pas toujours évidente.
Ainsi, le journaliste doit démontrer comment une femme accusée d’infanticide en est arrivée là plutôt que de la diaboliser.
S’agissant de la présence des femmes au niveau des instances de décisions, il faut noter que celles-ci restent sous-représentées malgré le fait qu’elles soient majoritaires dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest.
« Dans de nombreux pays africains, nous avons un schéma démographique qui est sensiblement le même. Dans presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, nous avons une représentation 52-48 avec généralement 52 % de femmes et 48 % d’hommes. », a affirmé Libasse Hane.
Selon lui, ce déséquilibre « pose un sérieux problème de gouvernance à savoir la question de l’équité car la catégorie majoritaire ne gère même pas 10 % des ressources. »
Constatant la quasi-inexistence de l’information purement féminine dans les journaux et la difficulté qu’éprouvent les journalistes qui couvrent de tels évènements à publier leurs articles à cause d’un éventuel manque à gagner pour les organes de presse concernés, Mme Niass révèle une corruption qui semble être érigée en règle par certains “journalistes alimentaires” qui n’ont cure des règles d’éthique et de déontologie.
Pour contourner cette injuste censure, elle a affirmé que l’Ademas a proposé à certains “patrons de presse” la signature d’une convention stipulant la parution périodique d’articles portant sur la planification familiale et d’autres thèmes moyennant le paiement d’une somme d’argent.
A l’image de la femme mandingue qui était la cheville ouvrière d’un royaume qui s’étendait de Bamako à Kissidougou, celle contemporaine est omniprésente dans la société.
Loin de se contenter de leurs fonctions sociales, les femmes sont actives dans la quasi-totalité des secteurs d’activités de l’économie et aident généralement leurs maris à joindre les deux bouts.
Par conséquent, la marginalisation dont elles font l’objet ne saurait perdurer. La société doit enfin leur donner l’attention et la considération qu’elles méritent au grand bonheur de tous.

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