Les conférenciers et le modérateur |
En
prélude au XVème sommet de la francophonie qui a fait la part belle à
la femme à travers le thème retenu, le Centre d’Etudes des Sciences et
Techniques de l’Information (Cesti) en collaboration avec l’Institut Panos de
l’Afrique de l’Ouest, a organisé le mercredi 26 novembre un carrefour
d’actualité dont le thème est : « Femmes, médias et gouvernance ».
Cette conférence a vu la participation
de Mame Less Camara, journaliste et professeur au Cesti, de Mingué Niass,
spécialiste en plaidoyer à l’Agence de développement du marketing social
(Ademas) et de Libasse Hane, chargé de projets Gouvernance à l’Institut Panos.
La condition de la femme continue
de susciter moult controverses dans un monde en pleine mutation.
Nonobstant le fait qu’elles
soient majoritaires dans de nombreux pays et le fait qu’elles participent
activement à la vie économique, les femmes continuent toujours de faire l’objet
d’une discrimination qui ne dit pas son nom.
Aucun jour ne passe sans que la
presse ne fasse état d’une histoire de viol, de violences faites aux femmes.
Bref, toutes sortes d’atteinte à l’intégrité physique et morale de la femme.
Celle-ci est souvent dépeinte
sous des traits sombres comme si implicitement ladite presse s’était muée en
« avocat du diable ».
« La femme en tant qu’objet de la
collecte et du traitement de l’information…nous la rencontrons souvent à
travers un prisme assez déformant, c’est souvent beaucoup plus sous l’angle de
ses turpitudes véritablement que sous l’angle qui la met en valeur en tant que
citoyenne… », a indiqué Mame Less Camara.
L’angle de traitement choisi par
le journaliste pour une information concernant la femme démontre que l’image
peu reluisante de la femme véhiculée par les médias, émane en réalité de la
société car comme le dit M. Camara « Les
médias n’inventent pas le monde, ils sont le produit de leur monde qui assigne
une place à la femme. »
« Les violences faites aux femmes constituent un formidable argument de
vente. Telle femme a été battue, malheureusement ça fait vendre. Telle femme a
été violée, malheureusement ça fait vendre. Nous banalisons ces choses à un
point tel qu’on essaye même de mettre de l’humour pour écrire un article, pour
faire une retransmission sur les femmes qui ont été battues, qui ont été
violées. », a-t-il déploré.
Le journaliste, selon M. Camara,
ne doit pas se limiter à relater les faits, il a la délicate responsabilité de
démontrer ce qui est à l’origine d’une telle situation car au-delà de l’acte
d’infanticide par exemple, il y a une explication qui n’est pas toujours
évidente.
Ainsi, le journaliste doit
démontrer comment une femme accusée d’infanticide en est arrivée là plutôt que
de la diaboliser.
S’agissant de la présence des
femmes au niveau des instances de décisions, il faut noter que celles-ci
restent sous-représentées malgré le fait qu’elles soient majoritaires dans de
nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest.
« Dans de nombreux pays africains, nous avons un schéma démographique qui
est sensiblement le même. Dans presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest,
nous avons une représentation 52-48 avec généralement 52 % de femmes et 48 %
d’hommes. », a affirmé Libasse Hane.
Selon lui, ce déséquilibre
« pose un sérieux problème de
gouvernance à savoir la question de l’équité car la catégorie majoritaire ne
gère même pas 10 % des ressources. »
Constatant la quasi-inexistence
de l’information purement féminine dans les journaux et la difficulté
qu’éprouvent les journalistes qui couvrent de tels évènements à publier leurs articles
à cause d’un éventuel manque à gagner pour les organes de presse concernés, Mme
Niass révèle une corruption qui semble être érigée en règle par certains “journalistes
alimentaires” qui n’ont cure des règles d’éthique et de déontologie.
Pour contourner cette injuste
censure, elle a affirmé que l’Ademas a proposé à certains “patrons de presse” la
signature d’une convention stipulant la parution périodique d’articles portant sur la planification familiale et d’autres thèmes moyennant le paiement d’une
somme d’argent.
A l’image de la femme mandingue
qui était la cheville ouvrière d’un royaume qui s’étendait de Bamako à
Kissidougou, celle contemporaine est omniprésente dans la société.
Loin de se contenter de leurs
fonctions sociales, les femmes sont actives dans la quasi-totalité des secteurs
d’activités de l’économie et aident généralement leurs maris à joindre les deux
bouts.
Par conséquent, la
marginalisation dont elles font l’objet ne saurait perdurer. La société doit
enfin leur donner l’attention et la considération qu’elles méritent au grand
bonheur de tous.
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