mardi 9 décembre 2014

Le Cap-Vert, un pays qui vient de loin



Cristina Duarte lors de la conférence
Cristina Duarte, ce nom ne vous dit peut être rien. Elle est l’actuelle ministre des Finances et du Plan de la République du Cap Vert.
Candidate à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD), elle a animé une conférence le vendredi 28 novembre à la salle visioconférence de l’Ucad II.


Le poids de l’histoire
Se trouvant dans l'Océan Atlantique, au large des côtes sénégalaises, le Cap-Vert est un pays au parcours hors du commun.
Classé parmi les pays à revenus intermédiaires en 2008, cet archipel de 4000 km2 pour 500 000 âmes (soit 65 % de jeunes), était jadis sous le joug du Portugal.
Dans un environnement où les conditions climatiques étaient des plus difficiles, la population cap-verdienne a été complètement décimée en 1947 par une famine qui a causé la mort de 30 % de sa population. Tel un phœnix, le Cap-Vert a su renaitre de ses cendres.
Sachant qu’il faut s’inspirer du passé pour vivre le présent et se projeter vers l’avenir, le Cap-Vert, loin d’être abattu et de se résigner à son triste sort, a entamé dès son accession à la souveraineté internationale en 1975, un processus qui allait finalement porter ses fruits quelques décennies plus tard.

Le développement à portée de main
L’heure n’est plus à la lutte contre la pauvreté en Afrique. Les États africains se doivent de jeter les bases d’un développement durable. Ce nouveau paradigme, le Cap-Vert l’a très tôt compris.
Ce pays libéré des griffes coloniales par Amilcar Cabral, leader du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), doit son salut à l’application de trois grandes réformes : politique (multipartisme instauré), économique (secteur privé mis au centre de la dynamique économique avec un vaste programme de privatisation dans les secteurs comme la banque, les télécommunications, le transport maritime et aérien, l’énergie etc) et institutionnelle (programme de réformes des institutions mais aussi des finances publiques).
Dans le cadre d’une démarche transparente et inclusive, l’État cap-verdien a senti la nécessité d’impliquer les populations dans le processus de contrôle de la gestion publique comme l’indique Cristina Duarte « On vient d’approuver une gestion basée sur les résultats et dans ce cadre, on a adopté un système de suivi-évaluation qui nous permet de gérer les biens publics en tenant compte des résultats…Pour la première fois, le budget de 2015 a été présenté au Parlement avec des programmes, des activités, des indicateurs pour permettre à la société cap-verdienne d’évaluer la gouvernance. »
En un temps record, le gouvernement cap-verdien par le biais de prêts avec un taux d’intérêt relativement bas (1,4 % pour une période de grâce de 9 ans), a réussi à donner un autre visage au pays sur le plan infrastructurel.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Cap-Vert compte aujourd’hui 4 ports maritimes et 7 aéroports internationaux.
Une fois le problème infrastructurel résolu, le gouvernement cap-verdien s’est lancé dans une série de réformes devant aboutir à un climat des affaires favorable, condition sine qua non de l’investissement étranger.

La BAD en ligne de mire
Se prononçant sur sa candidature à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD), Cristina Duarte compte sur deux arguments de taille pour faire pencher la balance de son côté.
Primo, selon Cristina Duarte, la crédibilité dont jouit son pays du fait de la bonne gouvernance qui y est érigée en règle, est un argument non négligeable.
Cela a permis au Cap-Vert de faire ses preuves sur le plan économique.
Les indices Mo Ibrahim, Doing Business etc ont montré que le Cap-Vert est un bon élève en la matière.
« Il ne suffit que d’une heure pour créer légalement une entreprise au Cap Vert via une plateforme numérique. », a-t-elle certifié.
L’adoption du Guichet Unique permet aussi aux investisseurs de gagner du temps dans le processus de création d’entreprises.
Secundo, la candidate Cristina Duarte est titulaire de deux Masters aux États-Unis (Busines Administration et International Management) et a travaillé à la City Bank au Kenya et en Angola où elle a occupé le poste de vice-présidente.
Comme tout patriote, elle a décidé de rentrer au pays pour apporter sa pierre à l’édifice.
Forte d’une expérience de 8 ans à la tête du ministère des Finances et du Plan, Cristina Duarte a des arguments à faire valoir et qui pourraient jouer en sa faveur pour la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Soutenant la candidature de celle-ci, Jean Paul Diaz a assisté à la conférence en compagnie du ministre des affaires étrangères de la République du Cap-Vert.
Le leader du Bloc Centriste Gaïndé (BCG) n’a pas manqué l’occasion de tirer à boulets rouges sur les autres candidats à la présidence de la BAD.
« Je pense qu’elle est capable d’être la présidente de la BAD parce qu’elle a l’expérience professionnelle. Elle a l’expérience qu’elle a mise en œuvre dans son pays. Les autres candidats, ne peuvent pas en dire autant. Le Nigérian qui s’occupe d’agriculture ne connait rien aux finances. Le Tchadien quant à lui, a fait toute sa carrière à la BAD. Comment quelqu’un qui a fait toute sa carrière à la BAD, peut-il apporter nouvel esprit ? », a-t-il dit d’un ton engagé.
Le sous-développement de l’Afrique contraste avec les énormes potentialités dont regorge ce continent.
La réussite du modèle de développement cap-verdien basé sur une gouvernance vertueuse et transparente doit inspirer bon nombre de nos États où la corruption fait tache d’huile et freine toutes les initiatives d’émergence. 

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