lundi 24 novembre 2014

Meeting FPDR : quand Wade passe à la vitesse supérieure

Wade s'adressant à la foule
Ce vendredi 21 juin, le Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) a tenu un meeting à la place de l’Obélisque. Comme bon nombre de Sénégalais, j’ai suivi ce meeting via Walf TV qui l’a retransmis en direct.





C’est un Abdoulaye Wade rattrapé par le poids des années, confondant millions et milliards, qui s’est adressé à une foule innombrable.
« Aujourd’hui, je ne sais pas combien vous êtes parce que quand je regarde devant moi, je vois des Sénégalais jusqu’au bout de l’allée du Centenaire. Quand je regarde les deux rues adjacentes, il y a du monde jusqu’à l’horizon et de l’autre côté. Etes-vous une centaine de milliers ou des millions ? Je ne saurai le dire. », lance t-il à la foule.
Toujours égal à lui-même, le Pape du Sopi (NDLR : changement en Wolof) n’a pas manqué l’opportunité de cracher du feu sur le régime en place.
Vêtu d’un boubou bleu ciel, d’une écharpe blanche et d’un bonnet rouge bordeaux, Abdoulaye Wade soutenu par ses camarades de parti mais aussi par Pape Diop (Bokk Guis Guis), Djibo Leyti Kâ (Union pour le Renouveau Démocratique) et Mamadou Diop Decroix (AJ/PADS) pour ce citer que ceux-là, a fustigé pendant près d’un tour d’horloge la gestion du pays.
Dans le cadre du bras de fer qui l’oppose à la mouvance présidentielle, l’ancien président (2000-2012) n’a pas pris de gants pour se prononcer sur la situation du pays.
Wade n’y est pas allé par quatre chemins. Selon lui, le Sénégal a « rétrogradé » depuis son départ après l’élection présidentielle de 2012.
«…il n’y a pas d’emplois, les jeunes sont en chômage, la belle université que j’avais laissé est complètement détruite, l’enseignement est détruit, les élèves traînent dans les rues, les paysans sont désespérés. On leur a enlevé tout ce que je leur avais donné et même des véhicules de travail. Les chefs religieux ne sont plus respectés, les chefs de village que je voulais relever au niveau de représentants de l’administration au niveau des populations, on les a ravalés à rien…on détruit les étals des marchands, on poursuit les marchands ambulants alors que leur fonction c’est justement de se déplacer pour vivre, vendre et vivre mais ça c’est mieux que de fumer le yamba (NDLR : chanvre indien en Wolof). Donc ce sont des métiers respectables, il faut plutôt les aider à moderniser leurs étals plutôt que de leur lancer des gendarmes. », a-t-il dit.
L’occasion faisant le larron, Wade a mis son manteau d’avocat pour dénoncer la connivence qui existerait entre le pouvoir exécutif et celui judiciaire.
Il trouve que la séparation des pouvoirs telle que théorisée par Montesquieu dans L’esprit des lois, n’est pas effective au Sénégal.
« Elle était juste ce qu’on appelait la justice. Aujourd’hui, elle est sous influence. Certes, il y a des magistrats honnêtes, qu’on ne peut pas influencer. Je leur rends hommage ici mais il y a des magistrats qui cherchent à deviner ce qui ferait plaisir à Macky et qui le font et parfois même, ils vont plus loin… », a-t-il martelé.
Se prononçant sur la traque des biens supposés mal acquis, Wade estime que le Sénégal est devenu un pays où les droits de l’homme sont bafoués.
« ...Le Sénégal vit chaque jour la violation des droits de l’homme, des libertés pour lesquelles, vos grands pères et nos ancêtres se sont battus. Vingt-sept Sénégalais ne peuvent pas sortir du pays. Pourquoi ? Personne ne sait. », a-t-il déploré.
Wade a fait savoir que le régime en place n’a pas lésiné sur les moyens pour trouver des preuves qui pourraient l’inculper ainsi que son fils.
Les moyens colossaux de l’Etat n’ayant pas porté leurs fruits, il préconise que l’affaire Karim Wade et compagnie soit classée « sans suite ».
« Je ne parle pas des privés, je parle des ministres et des agents de l’Etat mais quand tu n’a pas des milliards entre les mains où est-ce que tu peux les prendre. Donc j’ai dit à Macky que les gens se trompent, il ne m’a pas écouté. Il a envoyé une trentaine de commissions rogatoires à travers le monde, il a envoyé des commissions, des missions, des policiers et tout, il a employé des étrangers, ils ont cherché partout, ils ne verront nada. »
L’hystérie collective s’empare ainsi de la foule compacte qui crie « nada, nada, nada ».
Abdoulaye Wade a terminé son speech en proposant des alternatives. Il estime entre autres qu’on devrait organiser une élection présidentielle anticipée car l'actuel président a montré son « incapacité ».
« Concernant la situation du pays, si on se réfère à ce que veulent les Sénégalais, c’est que Macky Sall s’en aille, qu’il démissionne…il est incapable, le pays se détériore de plus en plus alors qu’il parte dans la paix…si Macky Sall démissionnait aujourd’hui, s’il avait du courage en acceptant son incapacité…s’il le fait, on va mettre sur pied une commission de transition qui va gérer le pays pour organiser une élection au plus tôt le 29 juin 2015 ou au plus tard le 6 décembre 2015. », a-t-il argué.
Décidément les jours où Wade faisait la pluie et le beau temps sont révolus. Proposer une élection anticipée que rien ne justifie, est la preuve que Wade n’en a cure du calendrier républicain.
Ayant décliné l’invitation qui lui a été adressée par Macky Sall pour le Sommet de la Francophonie prévu les 29 et 30 novembre prochains, Abdoulaye Wade a donné rendez-vous à ses inconditionnels après ledit sommet pour un nouveau meeting. 

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