vendredi 30 mai 2014

Cardinal Théodore Adrien Sarr : une vie au service de l’Eglise



Cardinal Théodore Adrien Sarr
Les 23, 24 et 25 mai passés, le Cardinal Théodore Adrien Sarr a fêté son jubilé d’or.
1964-2014 : 50 ans de service sacerdotal
Retour sur la trajectoire d’un enfant pas comme les autres.




Né à Joal, Théodore Adrien Sarr est le benjamin d’une famille de 7 enfants dont 3 garçons et 4 filles.
Son père Roog Sarr était un guérisseur traditionnel doté de pouvoirs mystiques qui lui permettaient de tuer le lamantin, un animal redoutable.
En effet, d’après la tradition, quand on allait à la chasse au lamantin et qu’on ne parvenait pas à le tuer, soit on devenait fou, soit on mourrait.
Sa mère s’appelait Marie-Louise Diaher.
L’enfant Théodore Adrien Sarr était différent des enfants de son époque. Il était calme, studieux et aimait lire des ouvrages le soir au moment où tous les villageois se donnaient rendez-vous à la place publique pour danser le « Nguel », qui est une cérémonie au cours de laquelle, les habitants du village dansent au rythme des tam-tams jusqu’à l’aube.
Joal n’étant pas encore électrifié à cette époque, sa mère Marie-Louise Diaher en l’occurrence n’hésitait pas à s’endetter pour pouvoir acheter à son enfant des bougies pour qu’il puisse s’adonner à son activité favorite qu’est la lecture.
Ce qui lui permit d’avoir un très bon niveau de langue. Un jour, commettant une faute lors d’une dictée en classe, Ada (nom d’initiation du Cardinal Théodore Adrien Sarr) fondit en larmes au moment où ses camarades de classe en avaient commis des dizaines.
Cela démontre à quel point il était perfectionniste et ce, dès sa tendre enfance. Il dégageait très tôt un leadership.
Alors que son père, Roog Sarr s’apprêtait à faire de lui son digne héritier comme le voudrait la tradition sérère, Ada décide contre toute attente d’aller au petit séminaire.
Son père ne l’entend pas de cette oreille et s’oppose farouchement à cela, lui le conservateur.
Pendant que ses camarades étaient au petit séminaire, Ada essaye tant bien que mal avec l’aide d’autres personnes de convaincre son père réticent.
Toutes les tentatives étaient vouées à l’échec jusqu’au jour où il eut la superbe idée d’écrire une lettre à son grand frère François Sangol enrôlé dans l’armée et affecté en Guinée.
Dans cette lettre, il lui explique le refus catégorique de son père de le laisser aller au petit séminaire.
Le grand frère, François Sangol écrit à son tour une lettre à Papa Roog. Il arrive à convaincre ce dernier de laisser Ada partir au petit séminaire de Ngasobil.
Pour ce faire, François Sangol a non seulement promis à Papa Roog de subvenir à tous les besoins de la famille, mais il s’est aussi engagé à prendre en charge l’ensemble des frais inhérents à la formation au petit séminaire.
Au petit séminaire, Ada se distinguait par son calme. Il jouait très souvent le médiateur quand ses camarades en venaient aux mains.
Lui par contre ne s’est jamais bagarré et prônait la paix. Paix qu’il s’évertue depuis des années à ramener en Casamance d’où le livre autobiographique du journaliste Marcel Mendy intitulé Cardinal Théodore Adrien Sarr, soldat de la paix. 

lundi 19 mai 2014

Uefa Champion's League : qui pour succéder au Bayern de Munich ?


La coupe aux grandes oreilles
Réal de Madrid vs Atlético de Madrid, telle est l’affiche inédite de la finale de la ligue européenne des champions 2013/2014 prévue le 24 mai prochain à Lisbonne (Portugal). Quatorze ans après la finale au stade Saint-Denis (France) entre le Réal de Madrid et le FC Valence, deux clubs espagnols vont en découdre en finale de la C1.

Cette finale rentrera dans les annales du football dans la mesure où pour la première fois dans l’histoire de la coupe aux grandes oreilles, deux clubs de la même ville vont disputer la finale. Madrid sera pour le temps d’une soirée la capitale de l’Europe.
Les clubs espagnols auront marqué de leur empreinte cette dernière décennie avec notamment des sacres continentaux pour le FC Barcelone, le FC Séville, l’Atlético de Madrid.
Cette finale matérialise donc l’hégémonie actuelle du football ibérique en Europe et dans le monde. A l’instar de la Roja, la sélection nationale, les clubs espagnols atteignent régulièrement le carré d’as de la plus prestigieuse des compétitions interclubs.
Retour sur les confrontations entre les deux clubs pour la saison 2013/2014
Les deux clubs de Madrid (le Réal et l’Atlético) se sont déjà frottés à quatre reprises cette saison (deux fois en liga et deux fois en coupe du roi).
Avec 2 victoires, 1 nul et 1 défaite sur les quatre rencontres, les merengues ont un ascendant psychologique sur les colchoneros.
En effet, le Réal a humilié l’Atlético en demi-finale de la coupe du roi en s’imposant 5 à 0 dans la double confrontation (aller 3-0 et retour 0-2).
En championnat par contre, avec 1 victoire et 1 nul, les hommes de Diégo Siméone ont réussi un grand coup. Ils sont allés faire le hold-up à Santiago Bernabéu (0-1 avec un but inscrit par Diégo Costa) avant d’être contraints par les merengues au partage des points à domicile le 2 mars dernier (2-2).
Les colchoneros grâce à leur match nul au Camp Nou devant le FC Barcelone lors de la 38ième et ultime journée de la liga, ont remporté leur dixième titre de champion d’Espagne, ce qui n’était plus arrivé depuis la saison 1995/96.
Ceci montre si besoin en est que cette saison semble bel et bien être celle de l’Atlético de Madrid.
Réal de Madrid : un dixième sacre en ligne de mire
Le moment tant attendu par les Socios est enfin arrivé. Le Réal de Madrid va joueur la finale de la C1, après douze ans de disette.
On se rappelle encore de la finale à Glasgow (Ecosse) en 2002 entre le Réal de Madrid et le Bayern Leverkusen qui s’était soldée par la victoire 2 buts à 1 des merengues grâce notamment à un but d’anthologie du métronome français Zidane.
Depuis lors, les madrilènes peinent à confirmer au plan européen avec des éliminations en huitièmes, quarts et demi-finales de la Champion’s League.
Cette année, sous l’impulsion du duo Carlo Ancellotti et Zinédine Zidane, les merengues visent leur deuxième trophée de la saison après la coupe du roi remportée aux dépens du FC Barcelone.
Le Réal a certainement l’un des effectifs les plus étoffés de l’Europe avec des joueurs de la trempe de Ronaldo, Benzema, Bale, Di Maria pour ne citer que ceux là. Ces derniers ont permis au Réal d’inscrire la bagatelle de 37 buts en douze rencontres de Champions League cette année. Cependant la défense semble être le talon d’Achille de cette équipe, elle qui a concédé 9 buts en autant de matches. La maison blanche dispose de joueurs de dimension mondiale à tous les postes, mais pour venir à bout des colchoneros, le talent ne suffira point. Le mental, l’engagement physique, la patience auront certainement leur pesant d’or lors de cette finale qui sera âprement disputée.
Atlético de Madrid : tout proche de l’exploit
L’Atlético de Madrid sacré champion d’Espagne et finaliste de la Champion’s League pour la saison 2013/14. Qui l’aurait cru ? Personne sans nul doute.
Les colchoneros habitués à la Ligue Europa ont réalisé cette saison en ligue des champions un parcours digne d’un champion.
En effet, l’Atlético de Madrid a réussi la prouesse d’accéder en finale sans perdre le moindre match. En douze (12) matches disputés, les poulains de Diégo Siméone en ont remporté neuf (9). Seuls trois clubs ont réussi à neutraliser la machine de guerre madrilène à savoir le FC Zénit Saint Petersbourg, le FC Barcelone et FC Chelsea. Au total, les colchoneros ont inscrit 25 buts et n’en ont encaissé que 6.
Diégo Siméone, le coach argentin des colchoneros a réussi à insuffler à ses joueurs des qualités qui ont fait sa renommée en Europe du temps où il était joueur.
Il fut un grand milieu de terrain défensif dans les années 90 et a fait les beaux jours du calcio sous les couleurs de la Lazio de Rome,  de l’Inter de Milan. La hargne, la fougue, l’engagement étaient ses principaux caractères.
Connaissant le passé du technicien argentin, on comprend mieux pourquoi l’Atlético de Madrid est une muraille, une forteresse. Inscrire un but face à ses redoutables colchoneros semble relever d’un miracle. Ainsi, durant cette édition de la ligue européenne des champions, l’Atlético a réussi à garder ses cages inviolées six (6) fois.
1974-2014, voila quarante ans que les colchoneros n’avaient plus atteint la finale de la C1.
Amenés par l’une des révélations de cette saison à savoir Diégo Costa, l’attaquant d’origine brésilienne naturalisé espagnol, l’Atlético peut voir venir et a tout les atouts en main pour triompher au soir du 24 mai prochain.
Quoi qu’il en soit, l’Espagne et plus particulièrement la ville de Madrid dormira à la belle étoile.

dimanche 4 mai 2014

Hommage à deux grands hommes



Dans un contexte de mondialisation, de dégradation des mœurs, où chanteurs, lutteurs et danseurs ravissent la vedette aux intellectuels, il urge de trouver une alternative pour ne pas laisser la jeunesse à elle-même.
Ladite alternative consiste à offrir en exemple aux jeunes des personnes qui, de par leurs actions, ont marqué positivement leur époque, bref des modèles.
Monsieur Alassane Faye et Monsieur Cheikhou Oumar Faye sont deux d’entre eux.


Monsieur Alassane Faye : une vie au service de sa communauté
Le 26 février 2014, la nouvelle tombe. Une triste nouvelle, Monsieur Alassane Faye n’est plus.
A Yoff, cette terre qui l’a vu naître, grandir et se réaliser, il a tout donné.
Multidimensionnel, tel est le qualificatif qui sied à ce grand homme.
Réussir à tout prix_ Son handicap poussait certains à affirmer qu’il n’avait pas sa place à l’école, qu’il n’allait jamais réussir, mais c’était sans compter avec le courage et la détermination dont il a fait montre.
Ces valeurs intrinsèques  lui ont permis de surprendre plus d’un et de gravir un à un les échelons scolaires jusqu’à obtenir sa maîtrise au département de Géographie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapables de réaliser. », disait Walter BAGEHOT. Ce pari, il l’a bel et bien réussi.
Avoir foi en soi, peut nous permettre de triompher dans des situations parfois compliquées, telle est la leçon de morale qu’on peut tirer d’une étape de la vie de Monsieur Alassane Faye.
Professeur émérite_L’enseignement est un métier qu’il a embrassé par amour, influencé qu’il était par Monsieur Seydina Diouf, son enseignant du primaire à l’école Talla Diagne.
L’histoire et la Géographie telles que enseignées par Monsieur Alassane Faye nous paraissaient faciles, évidentes du fait de sa pédagogie, de sa verve mais surtout de sa parfaite maitrise de la matière.
« Tout ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », dixit Boileau.
Ses enseignements étaient clairs et limpides comme de l’eau de roche, c’est ce qui a fait qu’il était un professeur d’Histoire et de Géographie qui se distinguait parmi tant d’autres.
La Bibliothèque Ousmane Sembène de Yoff (Bosy), point focal de sa vie_Les livres et Monsieur Alassane Faye, c’est un amour profond. C’est donc naturellement, constatant l’absence d’une bibliothèque digne de ce nom à Yoff, qu’il participe à la mise en place d’un système de prêt de livre moyennant une somme modique. C’est le début d’un processus qui aboutira à la création de la Bosy.
Selon Frantz FANON, « Chaque génération devra, dans une relative opacité, trouver sa mission, et la remplir ou la trahir. »
Sa génération a non seulement trouvé sa mission, mieux encore elle l’a bien remplie.
Le dictionnaire Hachette définit le savant comme étant une personne qui possède de grandes connaissances. Pour ma part, est savant, celui qui, de par son ingéniosité, arrive à trouver une solution à un problème posé à l’ensemble de sa communauté. Dès lors, il ne suffit point de ne disposer que de connaissances (théorie) mais de s’appuyer sur celles-ci pour apporter une solution concrète à un problème posé. Sous cet angle, je déduis que Monsieur Alassane Faye en était un dans la mesure où, il a su avec l’aide d’autres yoffois, mettre sur pied en 1992 une bibliothèque dont la renommée dépasse largement le territoire communal voire national et ce, au grand bénéfice des populations yoffoises y compris nous qui en bénéficions aujourd’hui.
Un esprit sain, dans un corps sain_ « Si les Français savaient le rôle de l'intelligence et de la volonté, la part de l'esprit et de caractère dans la plupart des sports ; avec quel entrain ils y pousseraient leurs enfants». Ces termes sont du baron Pierre de Coubertin, fondateur des jeux olympiques modernes.
Depuis belle lurette, les scientifiques ont démontré les vertus du sport pour le genre humain. Il l’avait bien compris, lui qui, dans sa tendre jeunesse fut un grand sportif.
Non seulement il connaissait les règles de bon nombre de disciplines sportives mais il les pratiquait. Comme sports pratiqués, nous pouvons citer entre autres l’athlétisme, le football.
Le rectangle vert, il le connait bien. Défenseur, il était dur sur l’homme comme dirait un initié, ce qui lui a valu le surnom de Tardelli en référence au grand défenseur de la sélection italienne : la squadra azura.
Pilier indiscutable de bon nombre de structures_ celles-ci sont entre autres l’Association des Elèves et Etudiants de Yoff (AEY), l’Association pour la Promotion de l’environnement marin (Asprem), l’Association pour la lutte contre le Sida. Partout où on a fait appel à son expertise, sa clairvoyance, sa pro-activité c’est-à-dire sa capacité d’anticipation, son dynamisme, son désintéressement, son sens de l’organisation, son respect de la parole donnée, sa ponctualité, sa véracité étaient loués.
De surcroit, il était un grand fédérateur, ce qui lui a permis dans le cadre de l’AEY, de convaincre les plus réticents dans l’optique de servir sa communauté en l’occurrence celle de Yoff et non pas se servir.
Il fait partie des membres fondateurs de ladite structure dont il fut le tout premier président.
Tout ceci démontre si besoin est, primo la transversalité de l’homme et secundo son engagement, sa ferme volonté d’œuvrer dans le sens de faire de Yoff une localité enviée.

Monsieur Cheikhou Oumar Faye : sur les pas de son maître
La date du 2 février 2014 restera à jamais gravée dans la mémoire de bon nombre de yoffois qui ont perdu une personne hors du commun.
Aussi brève que soit sa vie, il a su faire ce que n’ont pu faire des hommes qui vécurent longtemps.
Cheikhou a grandi sous l’aile protectrice de son frère aîné Monsieur Alassane Faye. Naturellement, on constate beaucoup de similitudes entre ces derniers.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », a dit Corneille. C’est la raison pour laquelle, la plupart des actes qu’il posait étaient salués par ses aînés.
Sauvegarder le legs des aînés_D’aucuns seraient tentés de penser que Monsieur Alassane Faye était son géniteur du fait de leur complicité, de leur proximité.
L’aîné joua un rôle prépondérant dans la vie du cadet, qui avait le même profil. Il était un littéraire tout comme son aîné, une fois auréolé de réussite au baccalauréat, il a été orienté au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avant d’opter finalement pour celui de droit.
La dévotion, l’énergie avec lesquelles, il s’acquittait des affaires de la Bosy dépassaient l’imaginaire car conscient que ce legs devait impérativement être sauvegardé et ce, à n’importe quel prix. 
La générosité à l’état pur_Le principal trait caractéristique de Cheikhou était sa bonté, sa gentillesse. Dans un monde où l’égoïsme, la recherche d’intérêts personnels étaient érigés en règle, il se distinguait par son désintéressement dans le cadre des relations humaines.
La force tranquille_Dans un contexte social local caractérisé par la violence outrancière de la jeunesse, il était l’incarnation de la sérénité, de la quiétude, de la tolérance. Le voir en colère, était un fait rarissime.
Un élève pas comme les autres_On a partagé la même classe pendant deux ans au Collège d’Enseignement Moyen de Yoff. Je me rappelle que lorsque certains de nos professeurs posaient des questions difficiles, il était l’un des rares voire le seul à pouvoir répondre, ce qui démontre qu’il avait très tôt les prédispositions, les aptitudes pour intégrer la si prestigieuse école qu’est l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) par le biais d’un concours national réputé être l’un des plus relevés et sélectifs.
A l’approche des examens que sont le Brevet de Fin d’Etudes Moyen (Bfem) et le baccalauréat, la Bosy était le point de convergence de nombreux élèves yoffois.
Cheikhou Oumar ne lésinait pas sur les moyens afin d’aider ses frères et sœurs yoffois à réussir à ces examens. Ils sont nombreux ceux à qui, il a dispensé gracieusement des cours d’histo-géo et de français, des matières qu’il maitrisait parfaitement.
Jeunes sénégalais, jeunes yoffois, si vous êtes à la recherche de modèles, de bons modèles, n’allez pas loin car vous en avez assez.
Monsieur Alassane Faye et Monsieur Cheikhou Oumar Faye peuvent être vos modèles. Eux qui durant toute leur vie n’ont cessé de se surpasser et de servir leur communauté.