mardi 17 juin 2014

Elections municipales : neuf (9) listes à l’assaut de la mairie de Yoff




Le 29 juin prochain, dans le cadre des élections municipales au Sénégal, les populations  de Yoff devront élire leur maire pour un mandat de cinq (5) ans.
Les ambitions affichées par les uns et les autres présagent une lutte farouche pour le contrôle de cette localité hautement stratégique.

Village traditionnel lébou situé sur le littoral, Yoff est la porte du Sénégal car abritant l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor. Composé originellement de sept quartiers que sont Tonghor, Ndénatte, Dagoudane, Ndeugagne, Mbenguène, Ngaparou et Layène, ce village multiséculaire a pris une autre dimension avec la naissance de cités telles que Alia Diène, Nord Foire, Ouest Foire, Diamalaye, Djily Mbaye, APECSY (1, 2 et 3) etc.
La commune d’arrondissement de Yoff a vu le jour le 23 décembre 1996 avec l’avènement de l’acte 2 de la décentralisation.
Officiellement installée par Monsieur Mamadou Sall, préfet de Dakar, la commune qui ne disposait pas encore d’hôtel de ville, a tenu son premier conseil municipal le 1er janvier 1997 à l’école Diamalaye 2.
L’équipe dirigeante était composée de 46 conseillers municipaux dont 40 pour le Parti Socialiste (PS), 5 pour le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et 1 pour le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT).
Les différents maires qui se sont succédé sont Monsieur Seydina Issa Ndiaye, Monsieur Mamadou Diop et Madame Oumy Khaïry Guèye Seck, la maire sortante.
A noter que sous le magistère d’Abdoulaye Wade, une délégation spéciale a dirigé la municipalité entre le mandat du premier maire et celui du deuxième.
Pour ces élections municipales, 2700 listes ont été validées au niveau national selon le Ministère de l’Intérieur. Du jamais vu dans l’histoire politique du Sénégal !
La commune de Yoff, avec ses neuf listes, n’échappe pas à la règle.
Celles-ci sont la Coalition Taxawou Yoff (Papa Massamba Fall), le Parti Démocratique Sénégalais (Mandione Mbengue), la Coalition Benno Bokk Yaakar (Abdoulaye Diouf Sarr), la Convergence Démocratique Bokk Gis Gis (Yakhya Ndoye), la Coalition Benno Aar Yoff (El Hadj Birame Gningue), la Coalition Citoyenneté Sénégal (Mamadou Lamine Sène), l’Union des Forces Nouvelles (Fatou Ndao), Takhawou Dakar (Seydina Issa Laye Samba) et Bess Du Niakk (Madiène Diène).
Pour ce qui est des populations, si certains pensent que le nombre de listes est excessif, d’autres par contre estiment que tel n’est pas le cas.
« Je pense que la politique doit être une affaire de conviction et de citoyenneté. Pour un village comme Yoff, je pense que neuf listes, c’est excessif. Si les membres de toutes ces listes n’ont qu’une seule motivation, développer leur localité, on n’a pas besoin d’autant de listes. Je pense qu’ils pouvaient  se regrouper », soutient l’étudiante Seynabou Ngoma Seck.
Retrouvé à la place publique de Yoff, le vieux Souleymane Mbengue, notable à Mbenguène affirme qu’ « On pouvait ne pas avoir neuf candidats pour la commune parce qu’à y voir de plus près, les différents candidats sont tous des yoffois. De ce fait, au lieu d’avoir neuf candidats, ils pouvaient s’entendre pour en avoir qu’un seul. »
Dans un contexte politique mondial où les élections riment forcément avec la pluralité des candidatures pour donner aux populations la possibilité de faire leur choix, l’organisation d’une élection à sens unique, semble être utopique.
« Yoff est un et indivisible. Tous les candidats sont des yoffois et chacun a le droit d’avoir des ambitions personnelles  », a dit Khardiata Diallo, vendeuse de poissons.
Plus connu sous le nom de « Kopa », le vieux Gora Thiam pense que les neuf candidats ont tous le même objectif, celui de travailler pour Yoff. 
« Je ne vois aucun problème au fait que neuf personnes se disputent la mairie. Ce qui importe, c’est que celui qui triomphera au soir du 29 juin, connaisse les besoins des populations pour les régler », a-t-il ajouté.
A l’image de la quasi-totalité des collectivités locales du Sénégal, la commune d’arrondissement de Yoff  a de nombreux problèmes à régler et des défis à relever.
Les attentes des populations sont énormes mais peuvent se résumer en une seule idée, l’amélioration des conditions de vie et d’existence. Cela passe nécessairement par la prise de mesures adéquates dans les secteurs prioritaires d’où les invites des populations au futur maire.
« Que celui qui remportera les élections demande aux populations yoffoises ce qu’elles veulent réellement parce que les gens qui l’ont élu, peuvent aussi le sanctionner à l’avenir. Qu’il n’oublie jamais ceux qui ont voté pour lui car ces derniers peuvent aussi le démettre de sa fonction », avertit Khardiata Diallo.
Gora Thiam affirme quant à lui que « Les besoins de Yoff sont nombreux. La construction d’un quai de pêche serait une bonne chose pour tous ceux qui s’activent dans la pêche. Les lourdes pertes de ces derniers dues aux mauvaises conditions de conservation des poissons ne seraient plus qu’un vieux souvenir. Si les nouvelles autorités pouvaient le faire, ce serait bien. L’assainissement et plus précisément le réseau hydraulique est défectueux. Elles doivent aussi apporter des solutions à ce problème latent. »
« Que le maire fasse son travail normalement. Je ne veux pas avoir un maire qui s’absente tous les jours. L’Association des jeunes ressortissants de Yoff à Saint-Louis a rencontré le maire sortant mais on a été reçu au ministère de l’élevage. C’est bizarre d’aller voir son maire ailleurs que dans sa commune d’arrondissement », déplore Seynabou Ngoma Seck.
« Un maire doit avoir le temps de gérer sa mairie, il doit être présent pour tout le monde surtout pour l’éducation parce que mon principal souci, c’est l’éducation », poursuit-elle.
« En ce qui me concerne, je préfère celui qui habite Yoff et qui s’engage à travailler pour le compte des populations une fois élu. On ne veut pas voter pour une personne qui une fois élue, ne fera rien pour les yoffois », confesse le vieux Souleymane Mbengue optimiste quant à l’avenir de cette commune qui selon lui, commence à voir le bout du tunnel.
Le coup d’envoi de la campagne électorale a été donné ce 15 juin et les candidats ont quinze jours pour convaincre les populations qui ne demandent qu’une chose, la satisfaction de leurs besoins.

jeudi 5 juin 2014

Crise universitaire : l’Université Gaston Berger dans la tourmente




Université Gaston Berger
A l’instar de la quasi-totalité des universités publiques sénégalaises, l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis sombre dans le chaos.
Le non paiement des bourses des étudiants du Master et la non-effectivité du changement de taux de la bourse des étudiants de la deuxième année ont été les gouttes de trop qui ont fait déborder le vase.
A cœur ouvert avec Seynabou Ngoma Seck, étudiante en Master 1 en Langues Étrangères Appliquées (LEA) pour connaitre les maux qui rongent cette université qui, jadis symbolisait l’excellence.

Pourquoi les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis ont-ils décidé de quitter le campus social ?
On a décidé de déserter le campus parce qu’il y va de notre sécurité.  Nous n’allons pas rester au campus, être en mouvement et qu’on ne nous donne pas les moyens de le mener à bien.
Les restaurants universitaires ont été fermés le lundi. Pour le déjeuner, les étudiants ont défoncé les portes des restaurants pour se servir. Le ministre de l’Enseignement Supérieur ou peut être bien le directeur du Crous (Centre des Œuvres Universitaires de Saint-Louis) a interdit aux étudiants d’utiliser les « Journées Sans Tickets » pour faire la grève parce qu’on utilisait en général ce moyen pour mettre la pression sur les autorités pour qu’elles réagissent face à nos revendications.
Cette année, le ministre de l’Enseignement Supérieur  Mary Teuw Niane nous a interdit  de faire cela donc à chaque fois qu’il y a JST, les étudiants sont obligés de se battre pour entrer dans les restaurants. C’est ce qu’ils ont fait ce lundi au déjeuner et à notre grande surprise, le ministre nous a menacés en disant que les policiers allaient intervenir si les portes des restaurants étaient défoncés pour le dîner.

Qu’avez-vous décidé de faire après la fermeture des restaurants ?
On a tenu une Assemblée Générale d’urgence le même jour à 19H pour faire le point sur la situation parce que les délégués des étudiants ne pouvaient pas prendre la responsabilité de garantir la sécurité de plus de mille personnes. Certains ont commencé à rentrer chez eux, la grève commençait à durer. Ils nous ont expliqué ce qui se passait et nous ont dit que si on utilisait la violence pour accéder aux restaurants à l’heure du dîner, ce serait la catastrophe comme ce qui s’est passé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar aujourd’hui (affrontements entre étudiants et forces de l’ordre les mercredi 21 et jeudi 22 mai). Pour éviter cela, ils nous ont exhortés à ranger nos affaires et à rentrer chez nous parce que nous sommes là pour étudier et avoir des diplômes donc nous n’allons pas nous battre et nous blesser. C’est pourquoi nous avons soigneusement rangé nos affaires. Nous sommes rentrés dans la nuit du lundi au mardi.

Qu’est ce qui est à l’origine de votre mouvement d’humeur ?
Il a débuté il y a quelques semaines et a été suspendu par la suite. Les raisons principales sont le retard du paiement des bourses des étudiants du Master et la non effectivité du changement de taux de la bourse des étudiants de la deuxième année. Tout le monde sait que lorsque tu es en première année et que tu as une demi-bourse, si tu fais les efforts nécessaires pour passer en deuxième année, tu auras une bourse entière.
Mais cette année à notre grande surprise, le ministre a refusé aux étudiants de la deuxième année le droit d’avoir une bourse entière.
Le mouvement avait été suspendu mais les étudiants de la deuxième année n’ont pas accepté cette décision donc ils sont allés au front eux-mêmes sans l’avis des délégués.
C’est après ce front que le mouvement a repris jusque là. Cette fois, ils se sont dit que ce n’est pas intéressant de mener un mouvement et de reculer par la suite. Il faut mener le mouvement jusqu’au bout ou ne pas le mener du tout. C’est dans cette lancée qu’on est en train de mener le mouvement. Personnellement, je ne suis pas pour la grève mais là actuellement, il faut que ça se passe. Il faut qu’on mène le mouvement jusqu’au bout. S’il faut une année invalide pour régler le problème, il faut qu’on le fasse parce que jusque là nous n’avons pas fait nos examens  du premier semestre. On a débuté les cours au mois de février donc on a presque rien appris. Ce n’est pas intéressant d’essayer de sauver une année qui ne nous servira à rien puisque qu’on aura des diplômes sans avoir la connaissance équivalente.

Quels sont les problèmes auxquels vous faites face à l’UGB ?
Le principal problème, c’est l’hébergement. Je suis à l’UGB depuis 3 ans, c’est-à-dire depuis 2011. Pour notre première année, ce n’était pas trop grave, on était quatre dans la chambre. Normalement, on nous dit que les chambres sont séparées en poche pour 2 personnes au maximum. Quand il y a eu les problèmes d’hébergement, 3 voire 4 personnes étaient dans une seule chambre. Depuis l’année dernière, il y avait 6 personnes dans une chambre parce qu’on est obligé d’héberger 2 personnes à la fois. Il y a des personnes qui viennent et qui sont soit tes sœurs, tes cousines ou même des personnes que tu ne connaissais pas.
Depuis l’année dernière, j’héberge deux personnes que je ne connaissais pas et cette année, j’ai une petite sœur qui est venue à l’université et je ne peux pas la laisser dormir ailleurs donc on est obligé d’héberger comme on l'a été nous aussi. Il faut qu’on rende la monnaie de la pièce.
Il y a des problèmes avec les professeurs. L’UGB est en crise parce qu’avec le Contrat De Performance (CDP) conclu entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et les universités publiques sénégalaises, on s’attendait à une amélioration de l’enseignement mais ce n’est pas le cas. Par exemple, il y a eu un mouvement des étudiants de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences Appliquées et Technologies du fait que les étudiants de la première année n’avaient pas jusque là commencé leurs séances de Travaux Dirigés (TD). Comment pouvez-vous imaginer une UFR où on apprend les sciences appliquées et qu’on n’applique pas ? On nous dit que les professeurs, les chefs de section, de département avaient des problèmes avec le ministre de tutelle. Si ces problèmes existent réellement, c’est entre eux, ils n’ont qu’à les régler.
Par rapport à l’orientation de nouveaux bacheliers cette année, ils sont déjà là  donc ils n’avaient qu’à créer les conditions nécessaires pour qu’ils puissent étudier normalement. J’ai deux petits frères là bas, ça ne me plait pas qu’ils quittent leurs maisons et qu’ils ne puissent pas travailler normalement. Ils sont en train de se débrouiller avec leurs aînés qui essayent tant bien que mal de leur expliquer les cours mais cela ne suffit pas. Quand on apprend les mathématiques, les sciences physiques, il faut faire des TD obligatoirement. Comment ceux qui apprennent l’informatique peuvent avoir un bon niveau sans la pratique ?
En résumé, le social, la pédagogie, tout est en crise et ce n’est pas seulement à l’UGB. C’est aussi le cas à l’Ucad, à l’université Assane Seck de Ziguinchor. On s’informe et il y a partout des fronts, la grève, c'est donc déplorable.

Qu’en est-il des étudiants qui n’ont pas pu trouver de logement ? 
Ces derniers sont obligés de faire la navette en attendant de trouver quelqu’un qui pourrait les héberger. Ils font la navette de la ville au campus et ce, tous les jours. Il y a avait une qui venait passer la journée dans notre chambre parce qu’on ne pouvait pas l’héberger car on était déjà 6 personnes dans la chambre et c’était excessif. Les petits lits pour une seule personne étaient partagés par deux personnes. Elle a passé presque un mois à faire la navette, c’est déjà beaucoup de dépenses, tu es fatigué, tu parcours 14 km pour aller étudier en taxi de surcroit. Donc tu dépenses beaucoup en argent et en énergie. Dans ces conditions, quand tu arrives chez toi, je doute que tu aies la force nécessaire pour réviser tes cours. Après, on a fini par lui trouver une salle d’étude, elles étaient  plus d’une dizaine là bas. Dans ces salles, il n’y a pas de salle de bain. De ce fait, elles sont obligées d’aller dans les toilettes publiques. Tous ces problèmes font que psychologiquement, si tu n’es pas très fort, tu risques de ne pas pouvoir rester. J’ai vu des étudiants qui n’ont pas passé deux semaines à l’université. Ils  sont rentrés en disant qu’ils ne pouvaient plus supporter la situation. Ils obligent ainsi leurs parents à payer ou bien ils font autre chose parce qu’il y a des conditions dans lesquelles, on ne peut pas étudier normalement. Si on n’a pas la chance d’avoir un logement très tôt, c’est très difficile.

Qu’est ce qu’ont fait les autorités de l’université pour venir en aide à ces étudiants ?
Il y a un village N qui était en construction depuis longtemps. Les bâtiments du village ont été réceptionnés cette année mais ils ne suffisent pas. Ils ont ouvert les salles d’étude qui étaient déjà occupées. On voyait 4 à 5 personnes au maximum  dans les salles d’étude mais cette année on peut voir 10 personnes dans une salle d’étude  parce qu’il n’y a pas de logement en fait. Ils disent qu’ils vont en construire d’autres mais les constructions du village N ont commencé il y a 3 ans pour régler les problèmes de logement qu’il y avait à cette époque mais actuellement le problème de logement s’est décuplé par je ne sais combien donc il faudrait au moins 2 à 3 villages pour régler carrément le problème. Avant que les 3 000 nouveaux bacheliers ne viennent, on s’amusait à dire qu’on leur trouverait des tentes. 
           
Concrètement quelles sont les conséquences de ce surpeuplement ?
C’est très difficile de vivre avec 6 personnes. Déjà, chaque personne a son caractère et dans un espace très restreint, on entasse 6 personnes. Il y a une salle de bain, de ce fait si tout le monde a cours à 8H, c’est la catastrophe. Vous êtes obligés de vous réveiller à 5H. Des fois, quand j’ai un examen ou un devoir, je me douchais avant de me coucher. De ce fait, quand je me réveille, je me prépare rapidement et j’y vais comme ça une fois rentrée, je prends mon bain.
Ce surpeuplement diminue en fait les bonnes conditions et quand les gens sont dans une situation précaire, on n’étudie pas comme il le faut. Dans la chambre, c’est impossible de travailler. Quand je veux travailler, je prends mes affaires et je vais dans les Unités de Formation et de Recherche (UFR) même la nuit.
Maintenant, il est même impossible de travailler dans les UFR. Elles sont prises d’assaut par les étudiants. Il y a plus de 20 personnes dans les salles du fait qu’elles n’appartiennent à personne et quand certains se mettent à faire du bruit, on ne peut rien y faire. Donc les conditions deviennent difficiles pour étudier.
Il y a aussi le problème de la restauration. Comparée à l’Ucad, on disait qu’à l’UGB, on mangeait bien mais quand il y a surplus, les restaurants ne peuvent pas accueillir tout ce monde.
Tu peux avoir cours à 15H, tu es obligé de faire un rang pendant 15 mn pour aller déjeuner. Pour trouver une solution, j’allais prendre mon petit-déjeuner à 7H, le déjeuner à 11H30 et le dîner à 19H. Même si ces heures ne m’arrangeaient pas, j’étais obligée de le faire sinon tu rates tes cours, sinon t’es en retard et ce n’est pas bien parce que les profs vont te créer des problèmes. Ils vont te dire que t’avais qu’à te débrouiller pour venir à l’heure. Tu viens dans les restaurants, il n’y a pas de places, de tables, tu es obligé d’attendre. En fait, des structures d’accompagnement n’ont pas été mises en place pour gérer l’accroissement des effectifs, c’est ça le principal problème.

Qu’est ce que ça vous fait d’être confrontée à une telle situation ?
Pour moi, ce n’est pas très grave parce que j’ai déjà fait 3 ans là bas. Mes deux premières années ont été plus ou moins normales. J’ai de la peine surtout pour ceux qui viennent d’arriver et ceux qui sont en Terminale et qui espèrent aller à l’UGB. Certains de mes camarades de classe et moi, avons déjà la licence, donc on a moins de problèmes bien vrai qu’on en a toujours.
Là actuellement on est en grève, on essaye de trouver des stages jusque là on n’a rien, un boulot n’en parlons même pas mais au moins on a passé quelques années là bas avant que la situation ne se détériore. Je me rappelle que les anciens nous disaient tout le temps que nous sommes arrivés au mauvais moment parce que c’est en 2011 que l’UGB est vraiment entrée en crise avec la session unique. Cette année, on parlait de session unique à un moment mais je ne crois même pas qu’il y ait session unique, peut être que l’année sera invalide. Je ne vois pas comment on peut faire pour la sauver parce qu’avant que cette crise ne reprenne, on nous disait que les examens du second semestre se feraient au mois d’octobre. A supposer que les cours du second semestre soient faits parce que jusqu’au mois de juin, si on ne fait pas les examens du premier semestre, quand est ce qu’on va les faire et quand est ce qu’on va faire les cours du second semestre pour faire des examens. Il vaut mieux que l’année soit invalide malheureusement et qu’on règle tous les problèmes de l’université pour que l’année prochaine on démarre en octobre pour finir en juillet, que les années académiques redeviennent normales. Franchement c’est ce que je préfère bien  vrai que ça ne soit pas bon pour nous, ni pour ceux qui sont en position de cartouche. Il y aura toujours des conséquences néfastes mais ce sera pire si on essaye de sauver cette année.
Je suis assez déçue par rapport à notre ministre de tutelle en l’occurrence Mary Teuw Niane parce qu’il a été Recteur à l’UGB, il a longtemps défendu cette université donc je ne comprends pas ce changement d’attitude qu’il a envers l’université et l’éducation. Tout le corps éducatif s’attendait à ce qu’il améliore les conditions d’étude.

A ce rythme, quelles pourraient être les conséquences pour le Sénégal d’ici quelques années ?
Un pays d’illettrés, un pays d’autorités qui ne savent rien malheureusement parce que ce n’est pas intéressant d’avoir un Master et de ne rien savoir. Il ne suffit pas d’avoir des connaissances sur une filière donnée mais il faut un savoir-vivre et un savoir-être. Quand tu entends des autorités parler, tu te demandes où est ce qu’il a étudié car tu cherches à savoir comment c’est possible qu’une personne ait ces idées et qu’elle veuille diriger. Certaines personnes votent pour ces dernières parce qu’étant toutes ignorantes. A ce rythme, on va cultiver l’ignorance, la médiocrité. Dans ces conditions, le Sénégal ne va jamais émerger. On dit Nouveau Type de Sénégalais (NTS) en oubliant que ça commence par l’éducation. On ne peut pas faire émerger un pays sans l’éducation. Tout le monde le dit mais on ne fait rien pour que l’éducation marche.