jeudi 20 novembre 2014

Savons-nous réellement ce qu’est Internet ?

Pierre Rimbert, le conférencier
« Espoirs et Déboires de l’information numérique », tel est le thème du carrefour d’actualité organisé le mercredi 12 novembre par le Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) à la salle visioconférence de l’UCAD II.



Ce premier carrefour d’actualité de l’année universitaire en cours, a été animé par Pierre Rimbert, journaliste au Monde diplomatique.
Pendant près de trois tours d’horloge, M. Rimbert, rédacteur en chef du Monde diplomatique, a tenu en haleine un public venu nombreux et composé essentiellement d’étudiants du Cesti.
Internet, contraction des mots anglais Interconnected network qui signifient réseaux interconnectés, est un outil dont les contemporains ne cessent de vanter les mérites. Cependant, comme un iceberg, la face invisible d’Internet est plus importante que celle visible.
« Qu’il s’agisse de vie quotidienne, d’économie, de politique, d’armée, Internet et la communication numérique semblent omniprésents. Ils ouvrent des perspectives inouïes, qu’il s’agisse d’informer en contournant des censures, de s’instruire…et ce qui était il y a une vingtaine d’années, qu’un simple réseau de machines (NDLR : Internet), est devenu une composante à part entière de l’activité humaine. », a-t-il souligné.
La technologie et tout ce qui s’y rattache restent une science réservée à une minorité. De ce fait, la vision qu’en ont les populations, reste superficielle voire erronée. Comme l’a montré le conférencier : « Nous continuons souvent à percevoir le monde numérique comme un nouveau média, comme un ensemble de services dématérialisés et d’appareils qui seraient voués à la communication et seulement à la communication. En quelque sorte comme si Internet était un cosmos à part, un monde qui nous arrive tout fait, qui nous arrive tout préparé et auquel au fond on ne pourrait pas changer grand-chose vu que nous ne maitrisons pas pour un certain nombre d’entre nous ses subtilités technologiques. »
Dans un contexte mondial caractérisé par la démocratie, qui est un système dans lequel, les dirigeants  ont recours à l’avis du peuple pour prendre des décisions, il serait inconcevable que ces mêmes populations n’aient pas la possibilité de remettre en cause un certain nombre de choses comme Internet.
« … l’univers numérique ne se distingue pas fondamentalement des autres domaines où se pose la question du pouvoir  et derrière les sites d’information et les journaux en ligne, derrière les réseaux sociaux, la collecte massive de données, se joue un jeu déjà ancien des groupes industriels, des États tentent d’imposer leur vision de l’avenir, leur vision de la science, de l’économie, du journalisme et de la démocratie. Or, sur chacun de ces sujets, nous avons notre mot à dire. Le contrôle du monde numérique, c’est aussi notre affaire… », soutient M. Rimbert.
L’affaire Snowden ou encore le scandale des écoutes téléphoniques ont fini de démontrer qu’à force de laisser les États-Unis et leurs services secrets utiliser le numérique à leur guise, la frontière entre la vie privée et celle publique se rétrécit considérablement.
« …nous savons que nulle communication n’échappe aux yeux et aux oreilles des services secrets occidentaux, ni les courriers électroniques, ni les conversations, ni les contacts, ni aucune des données qui sont hébergés par de grandes entreprises numériques américaines comme Facebook, Apple, Google, Microsoft, Yahoo. », a-t-il dit.
« Ces agences de renseignements piratent les câbles sous-marins de fibres optiques pour intercepter les données téléphoniques et informatiques. », a-t-il ajouté.
Selon M. Rimbert, l’affaire Snowden a eu le mérite de mettre au jour la connivence qui existe entre ces entreprises américaines et l’Agence Nationale de Sécurité américaine (NSA).
« L’un des aspects les plus spectaculaires de l’affaire Snowden tient à ce qu’elle confirme la collaboration des entreprises comme Microsoft, Yahoo, Facebook, Skype, Apple avec la NSA pour mettre en œuvre ses programmes de surveillance. »
Pire encore, ces entreprises aux chiffres d’affaires pharaoniques, ne semblent pas avoir de limites dans leur collaboration avec les services secrets américains.
« Les liens étroits qui existent entre la Silicon Valley (NDLR : lieu d’implantation des plus grandes entreprises informatiques américaines) et les services secrets, les services américains de défense ne se limitent pas à l’interception d’informations. Ces liens sont multiples : il y a des transferts de personnel… une relation de clients à fournisseurs car les services de renseignements et le ministère de la défense investissent massivement dans les entreprises de la Silicon Valley pour développer des logiciels de traitement de données.»
La conscientisation faite, il appartient aux populations d’agir pour mettre fin à ces violations des règles les plus élémentaires de la vie en société.

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