dimanche 4 mai 2014

Hommage à deux grands hommes



Dans un contexte de mondialisation, de dégradation des mœurs, où chanteurs, lutteurs et danseurs ravissent la vedette aux intellectuels, il urge de trouver une alternative pour ne pas laisser la jeunesse à elle-même.
Ladite alternative consiste à offrir en exemple aux jeunes des personnes qui, de par leurs actions, ont marqué positivement leur époque, bref des modèles.
Monsieur Alassane Faye et Monsieur Cheikhou Oumar Faye sont deux d’entre eux.


Monsieur Alassane Faye : une vie au service de sa communauté
Le 26 février 2014, la nouvelle tombe. Une triste nouvelle, Monsieur Alassane Faye n’est plus.
A Yoff, cette terre qui l’a vu naître, grandir et se réaliser, il a tout donné.
Multidimensionnel, tel est le qualificatif qui sied à ce grand homme.
Réussir à tout prix_ Son handicap poussait certains à affirmer qu’il n’avait pas sa place à l’école, qu’il n’allait jamais réussir, mais c’était sans compter avec le courage et la détermination dont il a fait montre.
Ces valeurs intrinsèques  lui ont permis de surprendre plus d’un et de gravir un à un les échelons scolaires jusqu’à obtenir sa maîtrise au département de Géographie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapables de réaliser. », disait Walter BAGEHOT. Ce pari, il l’a bel et bien réussi.
Avoir foi en soi, peut nous permettre de triompher dans des situations parfois compliquées, telle est la leçon de morale qu’on peut tirer d’une étape de la vie de Monsieur Alassane Faye.
Professeur émérite_L’enseignement est un métier qu’il a embrassé par amour, influencé qu’il était par Monsieur Seydina Diouf, son enseignant du primaire à l’école Talla Diagne.
L’histoire et la Géographie telles que enseignées par Monsieur Alassane Faye nous paraissaient faciles, évidentes du fait de sa pédagogie, de sa verve mais surtout de sa parfaite maitrise de la matière.
« Tout ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », dixit Boileau.
Ses enseignements étaient clairs et limpides comme de l’eau de roche, c’est ce qui a fait qu’il était un professeur d’Histoire et de Géographie qui se distinguait parmi tant d’autres.
La Bibliothèque Ousmane Sembène de Yoff (Bosy), point focal de sa vie_Les livres et Monsieur Alassane Faye, c’est un amour profond. C’est donc naturellement, constatant l’absence d’une bibliothèque digne de ce nom à Yoff, qu’il participe à la mise en place d’un système de prêt de livre moyennant une somme modique. C’est le début d’un processus qui aboutira à la création de la Bosy.
Selon Frantz FANON, « Chaque génération devra, dans une relative opacité, trouver sa mission, et la remplir ou la trahir. »
Sa génération a non seulement trouvé sa mission, mieux encore elle l’a bien remplie.
Le dictionnaire Hachette définit le savant comme étant une personne qui possède de grandes connaissances. Pour ma part, est savant, celui qui, de par son ingéniosité, arrive à trouver une solution à un problème posé à l’ensemble de sa communauté. Dès lors, il ne suffit point de ne disposer que de connaissances (théorie) mais de s’appuyer sur celles-ci pour apporter une solution concrète à un problème posé. Sous cet angle, je déduis que Monsieur Alassane Faye en était un dans la mesure où, il a su avec l’aide d’autres yoffois, mettre sur pied en 1992 une bibliothèque dont la renommée dépasse largement le territoire communal voire national et ce, au grand bénéfice des populations yoffoises y compris nous qui en bénéficions aujourd’hui.
Un esprit sain, dans un corps sain_ « Si les Français savaient le rôle de l'intelligence et de la volonté, la part de l'esprit et de caractère dans la plupart des sports ; avec quel entrain ils y pousseraient leurs enfants». Ces termes sont du baron Pierre de Coubertin, fondateur des jeux olympiques modernes.
Depuis belle lurette, les scientifiques ont démontré les vertus du sport pour le genre humain. Il l’avait bien compris, lui qui, dans sa tendre jeunesse fut un grand sportif.
Non seulement il connaissait les règles de bon nombre de disciplines sportives mais il les pratiquait. Comme sports pratiqués, nous pouvons citer entre autres l’athlétisme, le football.
Le rectangle vert, il le connait bien. Défenseur, il était dur sur l’homme comme dirait un initié, ce qui lui a valu le surnom de Tardelli en référence au grand défenseur de la sélection italienne : la squadra azura.
Pilier indiscutable de bon nombre de structures_ celles-ci sont entre autres l’Association des Elèves et Etudiants de Yoff (AEY), l’Association pour la Promotion de l’environnement marin (Asprem), l’Association pour la lutte contre le Sida. Partout où on a fait appel à son expertise, sa clairvoyance, sa pro-activité c’est-à-dire sa capacité d’anticipation, son dynamisme, son désintéressement, son sens de l’organisation, son respect de la parole donnée, sa ponctualité, sa véracité étaient loués.
De surcroit, il était un grand fédérateur, ce qui lui a permis dans le cadre de l’AEY, de convaincre les plus réticents dans l’optique de servir sa communauté en l’occurrence celle de Yoff et non pas se servir.
Il fait partie des membres fondateurs de ladite structure dont il fut le tout premier président.
Tout ceci démontre si besoin est, primo la transversalité de l’homme et secundo son engagement, sa ferme volonté d’œuvrer dans le sens de faire de Yoff une localité enviée.

Monsieur Cheikhou Oumar Faye : sur les pas de son maître
La date du 2 février 2014 restera à jamais gravée dans la mémoire de bon nombre de yoffois qui ont perdu une personne hors du commun.
Aussi brève que soit sa vie, il a su faire ce que n’ont pu faire des hommes qui vécurent longtemps.
Cheikhou a grandi sous l’aile protectrice de son frère aîné Monsieur Alassane Faye. Naturellement, on constate beaucoup de similitudes entre ces derniers.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », a dit Corneille. C’est la raison pour laquelle, la plupart des actes qu’il posait étaient salués par ses aînés.
Sauvegarder le legs des aînés_D’aucuns seraient tentés de penser que Monsieur Alassane Faye était son géniteur du fait de leur complicité, de leur proximité.
L’aîné joua un rôle prépondérant dans la vie du cadet, qui avait le même profil. Il était un littéraire tout comme son aîné, une fois auréolé de réussite au baccalauréat, il a été orienté au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avant d’opter finalement pour celui de droit.
La dévotion, l’énergie avec lesquelles, il s’acquittait des affaires de la Bosy dépassaient l’imaginaire car conscient que ce legs devait impérativement être sauvegardé et ce, à n’importe quel prix. 
La générosité à l’état pur_Le principal trait caractéristique de Cheikhou était sa bonté, sa gentillesse. Dans un monde où l’égoïsme, la recherche d’intérêts personnels étaient érigés en règle, il se distinguait par son désintéressement dans le cadre des relations humaines.
La force tranquille_Dans un contexte social local caractérisé par la violence outrancière de la jeunesse, il était l’incarnation de la sérénité, de la quiétude, de la tolérance. Le voir en colère, était un fait rarissime.
Un élève pas comme les autres_On a partagé la même classe pendant deux ans au Collège d’Enseignement Moyen de Yoff. Je me rappelle que lorsque certains de nos professeurs posaient des questions difficiles, il était l’un des rares voire le seul à pouvoir répondre, ce qui démontre qu’il avait très tôt les prédispositions, les aptitudes pour intégrer la si prestigieuse école qu’est l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) par le biais d’un concours national réputé être l’un des plus relevés et sélectifs.
A l’approche des examens que sont le Brevet de Fin d’Etudes Moyen (Bfem) et le baccalauréat, la Bosy était le point de convergence de nombreux élèves yoffois.
Cheikhou Oumar ne lésinait pas sur les moyens afin d’aider ses frères et sœurs yoffois à réussir à ces examens. Ils sont nombreux ceux à qui, il a dispensé gracieusement des cours d’histo-géo et de français, des matières qu’il maitrisait parfaitement.
Jeunes sénégalais, jeunes yoffois, si vous êtes à la recherche de modèles, de bons modèles, n’allez pas loin car vous en avez assez.
Monsieur Alassane Faye et Monsieur Cheikhou Oumar Faye peuvent être vos modèles. Eux qui durant toute leur vie n’ont cessé de se surpasser et de servir leur communauté.

2 commentaires:

  1. "Vrai vérité"!!!! "Magnifiquement bien dit"!!!!!!!!!!!

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  2. Un hommage imbu de sens et de cohérence et surtout de vérité. Je pense qu'aucuns Yoffois connaissant bien ses défunts hommes ne diront le contraire...Les mots manquent à certains d'entre nous mais de ma part tu as su dire l'essentiel et je t'en remercie tu fais parti des personnes qui connaissaient ma complicité avec eux surtout le cadet. MHD

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