Voilà trente-deux ans qu’un
conflit entre l’armée sénégalaise et une rébellion déchire le Sud du Sénégal.
La spoliation des terres de la verte Casamance considérée comme le grenier du
pays, a été le déclencheur de cette guerre qui perdure.
Séparée du reste du Sénégal par l’enclave que constitue la Gambie, la Casamance est une région aux richesses infinies : ressources naturelles, pluies abondantes, nature généreuse etc. Depuis plus de trois décades, elle est en proie à des luttes fratricides entre les forces armées sénégalaises et la rébellion incarnée par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Il faut d’emblée préciser que la basse Casamance est le lieu de localisation de ce conflit séparatiste.
L’application
tardive, en Casamance, de la loi sur le domaine national datant des années
soixante, a permis à l’État du Sénégal de confisquer des terres dans le
littoral de Cap-Skiring pour permettre à des investisseurs étrangers de
construire des infrastructures hôtelières. A la fin des années soixante-dix,
les populations autochtones se sont mobilisées pour dire non à cette décision
étatique. Selon Jean-Claude Marut, auteur de l’ouvrage “ Le conflit en Casamance : ce que disent les armes ”, cette
opération s’est faite « sans
consultation des autochtones, au profit des étrangers, sans indemnisation et
sur la base d’un clientélisme politique ». Au Sénégal, le système
foncier est constitué de trois sous-ensembles à savoir le domaine national, le
domaine de l’État et les titres fonciers des particuliers. Le domaine national
a été institué par la loi N° 64-66 du 17
juin 1964. Il est composé de quatre zones : la zone de terroir
destinée à l’agriculture, à l’élevage etc, les zones urbaines qui sont
immatriculées par l’État, les zones pionnières réservées à certaines activités
et les zones classées (forêts classées). De facto, depuis son entrée en vigueur,
les Sénégalais y compris les Casamançais qui ne disposaient pas de titres
fonciers, n’étaient plus propriétaires des terres au plan juridique. Cependant,
pour les populations casamançaises, ces terres ayant appartenu à leurs
ancêtres, étaient leurs propriétés même si elles ne disposaient d’aucun
document légal. « Les revendications des autochtones n’avaient
pas de relais et le conflit était relégué au second plan », regrette
Jean-Claude
Marut. Ainsi pétitions, manifestations
voire incendies et saccages d’édifices publics sont devenus le « modus
operandi » des Casamançais pour se faire entendre. Ils tiennent, le 26
décembre 1982, une marche pour l’auto-détermination de leur région. Lors de
cette manifestation non autorisée par les autorités administratives, le conflit
foncier est mis en avant pour justifier l’aspiration à l’indépendance. Décembre
1983 marque le début d’affrontements sanglants entre les populations révoltées
et les forces armées. Les Casamançais, rescapés de ces échauffourées, décident
alors de s’installer dans la forêt pour continuer le combat. Ce qui marque
alors la naissance du maquis. Ce conflit, qui a provoqué le déplacement de plus
de soixante-mille personnes vivant le long de la frontière bissau-sénégalaise,
constitue à ce jour, un véritable frein au développement de la partie Sud du
Sénégal.
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